Exposition personnelle à la galerie Aliénor Prouvost, Bruxelles

Mars 2023

SALOMÉ DE FONTAINIEU OU LA DESTRUCTION DU MOTIF

Pour Gertrude Stein les peintres peignaient tous avec les couleurs qui les
composaient. Ainsi leur corps menait une existence suspendue dans le temps,
accumulant (par l’étreinte de leur pratique) les couleurs qui finissaient par les
absorber.
Ici entre Salomé, dans ce qui sera la chambre noire. Pour l’instant il s’agit d’une
pièce brillante quoique simple, presqu’illuminée. De l’autre côté j’imagine les arbres,
les feuilles d’un jardin où en contrebas j’ai vu scintiller le long d’un mur, des citrons.
Des citrons à Marseille et au cœur de l’hiver. Je ne connais du travail de Salomé que
ce que j’ai pu en voir sur Instagram et qui immédiatement m’a alertée.
Ce dépôt de couleurs inséparable d’une série de gestes. Quelque chose d’une
violence sensuelle incessamment fixée puis reprise. Avec des trous.
De même que « Nous sommes écrits » puisque écrivains, nous inscrivons les signes
qui nous écrivent, j’ai voulu en savoir plus sur celle dont les couleurs (ce jaune ou ce
bleu qui partout tombe ou cogne lorsqu’il est enfoui) semblaient s’agglutiner dans
une hâte vitale.
Salomé de Fontainieu : je me souviens m’être demandé (découvrant son nom) si sa
peinture avait quelque chose à voir avec la fille d’Hérodiade qui par sa danse obtint
(pour sa mère) le tête de Jean-Baptiste qu’on lui fit décapiter et servir sur un plat.
Selon un texte apocryphe Salomé mourut en passant sur un lac glacé ; la glace se
brisa et elle tomba jusqu’au cou dans l’eau. La glace se reforma autour de son cou,
laissant apparaître sa tête comme posée sur un plateau.
Comment, au XXIem siècle une femme artiste peut-elle, après Le Titien ou Caravage
(somptueux artistes assez obsédés par cette macabre mise en scène pour y revenir
à plusieurs reprises) transporter dans son nom une telle mythologie sanglante ? Quel
serait ce corps (le sien) ainsi nommé, dans sa rencontre avec le corps de la
peinture ?
Un semblant de réponse je le savais se trouvait enfoui dans les surfaces peintes
qu’elle allait me montrer.
Il s’agit de travaux sur papier. Elle les déplie. Les scotche au mur. Les formats sont
assez grands mais elle les manipule avec aisance. Je remarque qu’elle porte des
bottes de cuir assez hautes. Il y a une sorte de musicalité dans l’enchaînement de
chacun de ses gestes. Elle parle peu.
Je regarde. Légèrement abasourdie. Le jet dripping émerge en pulsions mais des
strates forment en profondeur un ralenti. Sans début ni fin, comme vivant sans
retour. Un emboitement /déboitement répété, neuf. Un va et vient de la couleur
entièrement livré au passionnel de l’action – réaction.
C’est le règne d’un simulacre où quelque chose d’enfoui s’efface pour ressurgir
autrement. Corps ou paysage ?
Quelque chose s’est installé – dans un lieu, un temps – y prend vie, respire sans
doute, enfoui sous une série de rafales-couleurs ou à-plats maigres puis gras…
Le papier semble devenu peau, totalement imprégné par ce qui le couvre, faisant de
lui un objet inséparable de la somme des gestes-peinture qui se sont abattus sur lui.
Il me semble brusquement entrevoir ou plutôt reconnaître quelque chose. Un corps
paysage déjà traversé. Ou une fleur qui pousse dans sa lumière. Le bruit du vent.
Une saison, un lieu. Son inscription déjà traitée, transposée.

Présence fantômale aussi féroce qu’entêtée et frappant à la vitre d’un « je me
souviens » démultiplié…
Je l’interroge, lui demande brusquement (alors que je suis dans son atelier) « où ça a
été peint ? »
Elle raconte et tout s’éclaire. La variation des verts, les vibrations de la lumière, ces
creux remplis, ces gestes dans l’accélération – décélération d’un printemps aigre et
qui brusquement aère le papier. Cette traversée d’invisibles saisons arriérées allant
du chaud au froid dans une non-figuration acharnée.
Ces papiers ont été peints durant trois ans dans un atelier en pleine nature à Aix en
Provence, chemin de Bibemus, au pied de la Sainte Victoire. Par tous les temps au
sens de la climatologie, le corps englouti dans les arbres, les pieds dans la terre…
Voilà la clef. Brusque ment je retrouve le rose Cézanne si juste quant à la lumière du
soir et comment elle le distribue sauvagement mais avec précision, dans des à-plats
miraculeux.
Un rose saumon repassé dans du rose blindé, hagard et rageur mais si juste, si
juste…
Dans le laurier et le thym, la masse des nuages…
Maintenant je comprends mieux, posées au sol tout près de l’endroit où je me tiens
assise, cette plante morte montée sur un manche de bois comme outil, comme ces
grosses plumes qu’il a fallu casser pour les rendre opératoires.. Cette méticulosité à
creuser, remplir.
Salomé de Fontainieu est entrée dans ce paysage comme on entre dans soi-même,
armée jusqu’aux dents.
Sachant qu’une œuvre d’art devrait toujours nous apprendre que nous n’avons pas
vu ce que nous voyons.

Liliane Giraudon Marseille Février 2023

Exposition personnelle à la galerie Aliénor Prouvost, Bruxelles

novembre 2020 – février 2021.

La dernière série d’œuvres sur papier de Salomé de Fontainieu ne peuvent être pleinement appréciées sans avoir connaissance du contexte dans lequel elles furent créées. En effet, à l’été 2021, l’artiste s’est isolée dans un atelier situé en pleine nature, à Bibemus, au pied de la montagne Sainte Victoire. Dans ce lieu, célébré par Cézanne, elle s’est livrée pleinement à la peinture, sous le soleil ardent, quand tout devient chaleur, étourdissement et ivresse.

Ses premiers croquis de paysage, d’un réalisme descriptif un peu figé, ne la convainquent pas. Moins que de représenter, Salomé de Fontainieu comprend qu’elle doit restituer la nature telle qu’elle la perçoit, telle qu’elle la ressent de tout son corps. Pour marquer une distance avec le motif et laisser son instinct s’exprimer, elle abandonne ses habituels outils de création et saisit ce qu’elle trouve à portée de main, les petites branches sèches qui jonchent le sol. Elle met en place alors un nouveau protocole, consistant à tremper ce pinceau de fortune dans des pots de peinture, puis à l’appliquer sur la feuille de papier. Cela nécessite une maîtrise de l’imprévisible et du hasard qui ne s’improvise pas. Comment retranscrire l’espace illimité de la nature dans les dimensions restreintes de la page blanche ? Quel équilibre trouver entre les pleins et les vides ? Quels contrastes explorer ? Comment faire ressortir l’intensité de la lumière ?

Salomé de Fontainieu s’attaque à la surface de papier debout, de manière à pouvoir en faire le tour. Cette approche du champ pictural détermine un espace afocal, sans limite, où les tâches se lient entre elles, en créant des moments de saturation et de respiration. L’occupation de la surface n’est jamais la même : ici les formes occupent la périphérie, laissant au centre un grand vide central, ailleurs, l’œuvre est structurée en son centre par un enchevêtrement d’éclaboussures de peintures. Les coloris, affranchis du strict rendu réaliste, transmettent un certain sentiment de la nature. Là où le blanc domine, c’est la chaleur qui s’exprime, la lumière qui envahit toute la composition que parsèment quelques taches d’orange vif et de noir. Le jaune vibrant, évoquant l’automne, ressort d’autant plus vivement quand il est associé à quelques touches de noir. Les quelques taches de vert expriment la montée en matière des arbres suivant un mouvement ascendant, tandis que le bleu, posé à travers un geste explosif, rappelle les éclats de ciel que l’on perçoit à travers la densité des feuillages. L’artiste n’use jamais de formules figées, chaque œuvre nous livre une expérience sensorielle différente avec force et sensibilité.

Ces composantes sont aussi à l’œuvre dans les sculptures de Salomé de Fontainieu, comme « Vaille que Vaille », qui témoigne d’une véritable ingéniosité en associant bricolage et précision constructive, programmation et aléatoire. Dans leur élancement vertical, elles jouent de l’opposition poétique entre la résistance du bois et la délicatesse de la plume. Les matériaux utilisés par l’artiste trahissent un refus d’emphase et de sophistication. Avec ses « Têtes », Salomé de Fontainieu opte pour une plus grande austérité en assemblant des tasseaux de bois noir suivant une ordonnance géométrique qui évoque celle d’une pyramide inversée. Ces œuvres que l’artiste aime qualifier de totems, tout en exprimant une grande puissance sont aussi d’un équilibre qui menace de s’effondrer à tout instant.

Privilégiant une certaine spontanéité, Salomé de Fontainieu n’aime pas imposer ou affirmer les choses. Ses œuvres, libres et fortes, sûres et fragiles, transmettent l’intangible : un état, un ressenti, une vision. Dans son approche intuitive de l’art, l’artiste invente à chaque fois une écriture plastique qui lui est propre, de manière à ce que ses créations soient en prise directe avec l’énergie et la vitalité qui l’animent.

Domitille d’Orgeval

Exposition collective, Hors Les Murs, Marseille.

Mars 2018

« En Résidence, le meublé stylique »

Malgré une multiplication des départements Design (d’objet, d’espace, graphique, textile,…) dans les écoles d’art ces vingt dernières années, on remarque chez les créateurs une réticence ou une frilosité persistante à mener de front des pratiques parallèles, quand bien même les influences interdisciplinaires soient assumées. Si pendant des siècles, les arts décoratifs ont été considérés comme mineurs au vue des Beaux-Arts (les intitulés parlent d’eux-mêmes), force est de constater que cette tendance s’est inversée dans les affections françaises : autrefois bouc-émissaire des critiques du capitalisme, le Design post-industriel est aujourd’hui omniprésent, relativement abordable et parfaitement en phase avec la société de consommation : il se fond dans nos intérieurs, nous couvre, nous alimente, nous accompagne, nous fait travailler, nous entretient, ou nous conduit. A contrario, l’art contemporain cumule, en France, les procès d’intention, fait parfois face à la circonspection ou l’indignation et suscite de nombreuses protestations réactionnaires et des détériorations dans l’espace publique : un fort contraste avec la réputation d’exception française que les français aiment tant déclamer. Le Design est incontestablement mieux aimé que l’Art contemporain bien que son adoption par la société française ait été tardive et maladroite par rapport à des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne ou les Etats-Unis. Bien que le terme « Design » ait été internationalement adopté (contrairement à l’Art, Arte, Artă, Kunst, Konst…), le terme « stylique » tenta en vain de s’imposer via la loi Toubon1 de 1994.

L’affiliation Arts Décoratifs et Design est quelque peu indirect : ce dernier  serait né de la synthèse paradoxale des courants Art & Crafts anglais et du Werkbund allemand. Le premier émit le désir d’un retour à une conception innovante et artisanale, en réaction aux dérives de la révolution industrielle anglaise à la fin du XIX° siècle, la seconde souhaita concilier industrie, modernité et esthétique au début du XX° siècle. Les deux courants  s’accordaient sans collusion aucune  sur l’idée de Design comme le dessein d’améliorer l’environnement de leurs contemporains. Si la causalité n’est pas évidente, la concordance suivante est importante : le Design est né simultanément à l’émancipation de l’art (impressionniste) envers le principe de commande (de l’offre et de la demande) à la fin du XIX siècle.

Au XXI° siècle, des personnalités du Design comme Tim Brown (CEO et président de IDEO, pionnier du Design thinking) affirme que « Le Design est trop important pour être laissé aux seules mains des designers »2. Ce postulat se défend dans la rencontre des travaux de Salomé de Fontainieu et de Simon Feydieu, suite à l’invitation conjointe de Où et du Musée d’Art Contemporain à exposer leurs travaux à Hors-les-murs (HLM), lieu de diffusion mutualisé par les membres du réseau Marseille Expos.

Salomé de Fontainieu est résolument designer ET artiste. Ses meubles ont été notamment réalisés en pièces uniques pour le Mobilier National,  et ses œuvres ont été exposées à la galerie Diane de Polignac (Paris). Alternant Design d’auteur et productions d’oeuvres, on comprend rapidement que plutôt que de balancer entre ces deux pratiques, l’artiste les alimente de manière bilatérale, dans des formats clairement identifiables et distincts. Les meubles sont faits pour s’assoir, s’attabler ou éclairer ; les œuvres sont murales, de médiums traditionnels, dessin sur papier, peinture ou collage sur toile et induisent une observation à distance, sans toucher ni usage.

Simon Feydieu est artiste. Son travail a été exposé récemment à la galerie Snap Projects (Lyon), au Kunstgebaude de Stuttgart ou encore à la Galerie der Stadt de Tuttlingen (Allemagne). Il prospecte dans les champs de l’architecture d’intérieur et du mobilier pour sélectionner les matériaux composites à partir desquels il crée ses bas-reliefs et installations, réminiscences  des explorations des avant-gardes modernistes comme le Bauhaus ou De Stijl pour qui les glissements du fonctionnel à l’art s’opèrent selon des hiérarchies de valeurs variables, mais dans la pluridisciplinarité.

« Leurs travaux partagent une exigence d’intégrité dans leurs démarches respectives qui nous a encouragés à les rapprocher. L’expérimentation, l’aléa, le schéma abstrait, le processus et l’intuition sont partagés de même que la multiplicité des formes d’expression. Il y a aussi chez eux une aptitude à laisser une place au hasard et à la surprise. »

Thierry Ollat, directeur du Musée d’Art Contemporain de Marseille

 

L’exposition réunit donc, dans un HLM meublé, des objets  oscillant entre design et art, confrontant deux artistes visuels avec des intentions distinctes mais employant des moyens similaires ou des intentions similaires mais avec des moyens distincts.

Gordon Shumway

1La  loi Toubon du nom de Jacques Toubon, le ministre de la Culture de l’époque, est une loi française destinée à protéger le patrimoine linguistique français.

2Court traité du design, Stéphane Vial, Edition puf, 2010.

Salomé de Fontainieu, né en 1973, vit et travaille à Marseille.

Simon Feydieu, né en 1984, vit et travaille à Lyon. Il est représenté par la galerie Snap Projects.

Gordon Shumway est son nègre word designer né en 1986 dans l’espace.

Exposition Miguérès Moulin, Paris.

Novembre 2018

La peinture de Salomé de Fontainieu est une œuvre en mouvement. Une grande place est ainsi laissée aux pratiques intuitives soulignant les hésitations, les changements et les accidents inhérents au processus. L’artiste utilise pour cela de multiples outils imparfaits et accidentés qu’elle fabrique au gré de son inspiration, développant un vocabulaire très personnel et au plus près de sa sensibilité. Elle use d’un processus singulier qui donne à son travail une identité particulière en superposant des lignes verticales à distance de son support. Ces lignes parallèles et les espaces aléatoires qui les séparent confèrent un rythme et une musicalité à l’ensemble. Cette multitude de traces compose de ce fait une perspective de fond qui s’offre en transparence. S’ajoutent des coulures, des taches et autres “accidents” qui animent ces paysages comme des mouvements qui tentent de traduire de manière intuitive l’inconstance de ses humeurs et la fragilité du monde qui l’entoure.  On devine parfois sous un glacis épais certains “repentirs” que l’artiste dévoile. Fils conducteurs de sa pensée, ils participent à la profondeur de l’ensemble. De ses traits inlassablement répétés, et de ses hésitations, elle fait sourdre ombres et clartés du cœur même de la matière

Salomé de Fontainieu a dans les premiers temps expérimenté le design. Au fil du temps, elle a évolué vers la production de meubles plus engagés. L’artiste a notamment réalisé en partenariat avec Le Mobilier National en ensemble de meubles pour l’aménagement du bureau du Ministre de la culture et de la Communication, en 2007 repris ensuite par le ministre de l’écologie en 2011, ainsi qu’une très grande table, envisagée comme une sculpture et exposée à La Manufacture des Gobelins en 2014. D’autres créations de mobilier « Art-Design » ont été édités par La Galerie Diane de Polignac.

Entre Mobilier, sculpture et peinture, l’artiste assume désormais sa pluridisciplinarité.

Salomé de Fontainieu a dernièrement été sélectionnée par Thierry Ollat, directeur du Musée d’Art Contemporain de Marseille, pour l’exposition HLM (Hors Les Murs) en février prochain à Marseille. Certaines des toiles présentées lors de cette exposition au Cabinet Miguéres Moulin font parties des œuvres qui y seront exposées.

David Reynaud

Article au sujet de l’exposition du Mobilier national aux Gobelins, Paris

Novembre 2014

Véritable enchantement dans la Galerie des Gobelins lors de l’exposition « A table !« , la table de réunion, création 2014 de l’artiste Salomé de Fontainieu, impressionne par ses dimensions (500 x 180 x 75 cm), sa forme et le motif de son plateau. Salomé de Fontainieu, autodidacte passionnée, est repérée dès 2006 par le Mobilier National pour réaliser le bureau du Ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres. En 2008, lauréate de l’appel à projet du VIA, elle collabore avec Godefroy de Virieu à l’élaboration d’une chaise en lamellé décollé, exposée au salon du Meuble de Milan.

La table de réunion a été réalisée lors de sa collaboration avec l’Atelier de Recherche et Création (ARC) du Mobilier National. Cette vénérable institution, dont les origines remontent à l’époque de Louis XIV, gère le mobilier du pouvoir. Le motif du plateau est d’inspiration cinétique. Plus particulièrement les travaux de Carlos Cruz-Diez. 

Dans cette table se concrétise l’art de Salomé de Fontainieu et le travail des artisans de l’ARC. Ils revisitent ensemble la marqueterie. La pièce est issue du savoir-faire exceptionnel des artisans passionnés de l’ARC qui ont inventés des outils sur mesure permettant à la designer de concevoir ce plateau un peu comme, une peinture, un collage contemporain.

Avec cette table de réunion composée de près de 300 lamelles en chêne teinté noir, koko gris, bouleau gris, bouleau rouge montées sur une âme en nid d’abeille posée sur un piètement en métal laqué noir satiné, le travail d’excellence des techniciens d’art se matérialise en un trésor pour les générations futures. Les lamelles noires et grises, préalablement teintées dans la masse sont reteintées en surface d’un ton vert de gris une fois l’assemblage réalisé. Ce n’est qu’une fois cette opération accomplie que les très fines lamelles rouges sont incrustées afin de faire ressortir la richesse de ces couleurs.

La table a été conçue telle une sculpture. Sa forme a été au préalable établie, mais elle a été réalisée in situ, au gré de l’inspiration de l’artiste. Comme le dit si bien Yves Mézières, un des artisans ayant travaillé sur la table avec Jérôme Bescond : « A chaque fois que l’on change de place, à chaque fois que la lumière change la table change, c’est extraordinaire.« 

Et en effet, lors de l’exposition, un rayon de soleil dévoilant la table, en faisant le tour de la table, on observe en effet ce phénomène.

C’est avec une volonté de promouvoir l’innovation et soutenir les créateurs qu’Andrée Malraux créé en 1963 l’ARC. Cette institution réalisera en 1971, pour Georges Pompidou le réaménagement des appartements de l’Élysée avec le designer Pierre Paulin. C’est aujourd’hui un espace de liberté pour les créateurs. Comme le dit si bien l’administrateur du Mobilier National, Bernard Schotter, peu importe le temps passé, l’important est l’innovation, la performance et la beauté des formes.

Philippe LC

Aménagement du bureau du Ministre de la Culture, Paris.

Novembre 2006

Salomé de Fontainieu, autodidacte de 36 ans crée des meubles authentiques. Après avoir appris la peinture décorative, elle s’en défait rapidement sans abandonner une passion pour la couleur et la matière.  Elle trouve dans les enduits de béton, une matière à réflexion, qu’elle continue de travailler et décide d’en exploiter les qualités pour le mobilier. Elle apprend à le dompter et le maîtriser pour en garder toutes ses vertus intrinsèques et nuancer ses aspects.  Sans s’obliger à utiliser nécessairement le béton, Salomé de Fontainieu réalise régulièrement de nouvelles pièces en béton, mais crée aussi chaises, tables, consoles en métal, en verre, en plexi…

Commandes particulières, éditions ou autoéditions, Salomé ne semble rien préméditer et continue d’avancer et de se laisser porter par son talent et par ceux qui le remarque. Virtuosité technique, tension maximale, Salomé de Fontainieu est une funambule dont l’instinct la guide vers l’équilibre parfait, comme un félin, elle n’a pas peur de disparaître pour s’avancer naturellement et s’imposer  remarquablement.

Grégoire Marot­­­­